Tout d'abord je voudrais dire que tous nous sommes revenus de la bas avec le sentiment d'avoir fait quelque chose de différent des autres cyclos aux quelles nous avions déjà participé. La route privatisée, le nombre (10000!),tous ces étrangers venus de très loin (35%), tous ces gens au bord de la route, bref, le pied.
Nous sommes donc partis vendredi matin vers 9h. Alors que midi approchait, Jean Pierre nous a fait une démonstration de ses connaissances des restaurants de tout le sud de la France, à croire qu'au Bureau Véritas il s'occupe avant tout des contrôles gastronomiques. Le cassoulet était tellement bon et copieux que certains voulaient remplir les bidons. Dans l'autre voiture, bien qu'ils n'aient pas eu droit au cassoulet, Jean Chri et Marc (toujours aussi légers) font un concert de proute à Eric. Celui ci dut faire le voyage le nez à la portière, pire qu'à Verdun pendant une attaque au gaz moutarde!
Arrivé à Lourdes, petite balade sur une voie verte bien plane.
Le lendemain il y a un petit crachin bien caractéristique de la région. On laisse donc les vélos au repos et direction la grotte de Lourdes dans l'espoir d'un miracle pour le lendemain (après tout certains croient bien aux bracelets de Fred, alors la grotte ça peut pas faire de mal), puis ensuite le village départ pour récupérer les dossards et voir le village d'exposants digne d'un vrai salon.
Le grand jour, lever 4h. Au petit déj il y a déjà la douzaine de japonais et les 7 ou 8 bréziliens, l'un d'eux vient à notre table et sa charmante et jeune compagne s'assoit à côté de moi (la je me suis dit "à la place de son mec, au lieu du Tourmalet j'irais faire le col de l'utérus!!!"). 4h30 Jeannot arrive, il pète le feu il se jette sur la brésilienne et lui claque trois bises (sois disant qu'il croyait qu'elle était avec moi). 5h15 après avoir rempli lmes bidons d'eau de Lourdes, départ pour Pau, 10000 cyclistes ça fait du monde, voir cette marée qui converge vers Pau c'est très impressionnant. A la descente du fourgon Eric pense avoir crevé, son boyau arrière est en partie dégonflé et il a oublié sa bombe anti crevaison. Fred toujours positif lui dit " mais non, on va regonfler tranquille et ça va aller". En fait, une fois dans son box départ, il constatera qu'il a bien crevé et dégoûté, n'aura pas le courage de réparer (à sa place je crois que j'aurais bouffé le boyau!).
Dans le box Fred, Jean Chri et moi constatons qu'avec nos dossards à plus de 7000 nous sommes vraiement loin du départ, lorsqu'à la sono on entendra que le départ est donné il nous faudra encore 14 minutes avant de monter sur le vélo puis 2km pour passer la ligne de départ. Fred décide d'amener Jean Chri pour lui faire remonter des places, je suis le mouvement, oublié les bonnes résolutions de départ calme, oublié les souffrances extrèmes de l'Ariégeoise ou j'avais vu le diable derrière tous les virages du plateau de Beille. Avec mes deux bidons chargés à l'eau de Lourdes je me dis "vadé rétro Satanas". En fait nous avons roulé comme cela pendant environ 20 bornes, le tempo de fred était rapide mais sans se carboniser. Nous nous sommes retrouvés au pied de Marie Blanque après 55km. Toutes les recos que j'avais lues en faisaient un épouvantail, or les 3 premiers km ne sont qu'à 3 ou 4%, la je dis à Fred "cette Marie Blanque, comme à l'heure qu'il est 2 ou 3000 cyclistes lui sont déjà passés dessus elle va se laisser faire". Après 3 bornes ça s'incline à 5 ou 6%, rien de méchant, mais la je décide de faire dans la douceur et de laisser partir Fred (mesdames, tous les cols de France vous le diront, les mecs de plus de 50 ans font preuve de beaucoup plus de douceur et en plus on s'arrange pour que ça dure plus longtemps!). Arrivé au km 6 de la montée, d'un seul coup elle a décidé de se débattre, 12 13% sur l'échelle de Richter. La il a bien fallu faire violence, mais sans jamais dépasser 160 au cardio. Malgré cela je suis obligé de zigzaguer pour dépasser énormément de gars, il y en a déjà à pied (comment vont ils finir?). La descente privatisée et au goudron parfait est un vrai plaisir. Une fois sur le plat comme je trouve que ça n'avance pas je commet l'erreur de sauter de gropue en groupe, je vais y dépenser beaucoup d'énergie. Ensuite le Soulor, toutes les recos décrivaient les montées de Marie Blanque et du Tourmalet comme la bataille de Roland à Roncevaux, puis sur le Soulor, rien, c'est un col, point! En fait, la première rampe est à 8%, après 100 bornes ça calme, ensuite ça ne descend jamais en dessous 7 et remonte très souvent à 8% et comme cela pendant 16 bornes. J'ai continué à surveiller le cardio et évité de faire le malin.
Du bas du Soulor jusqu'au pied du Tourmalet c'est un long faux plat montant bien usant, si bien qu'entre 155 et 160km j'ai constaté que j'étais à court d'essence, le cardio refusait de monter au dessus de 150, je suis donc passé sur la réserve et de nombreux groupes m'ont passés. Arrivé au pied du Tourmalet je m'attendais à revivre l'enfer du plateau de Beille, il n'en a rien été. En fait le début n'est pas très pentu, à partir de Barrège ça s'incline mais c'est toujours aux alentours de 7.5; 8%, si bien que ça passe. A barrège les gens du coin sont vraiement super sympas, ils ont tous une bouteille d'eau à la main pour nous arroser ou remplir les bidons. Il y a déjà pein de caming car, on a vraiement l'impression de faire le tour (sauf que la vitesse n'est pas la même). A 5 bornes de l'arrivée, sur le parking de super Barrège il y a un ravitaillement en eau, je décide de m'y arréter, non pas que j'ai besoin d'eau, mais cela permet de poser pied à terre sans perdre la face. J'en profite pour remplacer le bouilon de mes bidons par de la fraiche et pour doucher les pieds. Le décor final est grandiose, j'ai poutant les yeux rivés sur ma roue avant et sur le décompte des hectomètres sur le compteur, mais chaque fois que je suis risqué à lever les yeux vers le sommet je me suis entendu dire "Oh putain!", tant cela paraissait abrupte. Mais la aussi ça passe, bien sûr on en bave mais c'est à 8.5, 9% et ce point en moins par rapport au Ventou change tout pour moi.
A l'arrivée tout le monde fait la même analyse: extraordinaire!!!, tout le monde à fait à peu près la même course, c'est à dire prudente mais tous nous avons été à court un peu avant le Tourmalet, cependant personne n'est allé dans la souffrance extème, sauf peut être Jean Pierre à qui le Tourmalet n'a rien épargné.
Bravo à Jean Chri et Jeannot qui ont fait une bonne performance. Jean Chri avec un meilleur dossard et un peu plus de foncier a moyen de faire un bon résultat. Quant à Jeannot, je ne sais pas si c'est l'air du pays ou l'eau de Lourdes, mais il pétait le feu à l'arrivée.
Le lendemain, sur le chemin du retour on avait encore tous des étoiles dans les yeux, Fred avait retrouvé l'enthousiasme de ces courses cadet, il demandait ce qu'il y avait comme cyclo dans les Alpes avec des grands cols dans les semaines à venir.Au fur et à mesure que l'on se rapprchait de la maison le quotidien reprenait le dessus, Pierre et Fred recevaient des coup de fil pour les R.V. ou les réparations du lendemain, Jean Pierre contactait la secrétaire pour s'enquérir de la grève des aiguilleurs du ciel et de son vol du lendemain (en fait son vol fut maintenu, mais son sac de fatigue était tellement lourd qu'il le loupera!!!), bref, on revenait sur terre.